- ÉLECTROCUTION
- ÉLECTROCUTIONÉLECTROCUTIONEn toute rigueur, il convient de définir l’électrocution comme étant l’accident suivi de mort et l’électrisation comme l’accident suivi de survie plus ou moins longue.Les accidents électriques se répartissent en trois catégories, selon les circonstances où ils se produisent:– accidents domestiques, dus à des courants de basse tension (BT inférieure à 500 V), en règle générale 100 ou 220 volts alternatifs;– accidents du travail (hors du circuit de production et de distribution) qui mettent en cause des courants de basse tension (110, 220 voire 380 V), mais aussi de moyenne tension (MT entre 500 et 5 000 V alternatifs ou continus);– accidents de travail dans les circuits de production et de distribution (beaucoup plus rares en raison de la rigueur des mesures de sécurité); les circuits en cause sont inclus dans la moyenne tension, mais aussi dans la haute tension (HT supérieure à 5 000 V et allant jusqu’à 400 000 V, le plus souvent alternatifs).Les effets cliniques du courant électrique dépendent de trois sortes de paramètres:– Les paramètres liés au courant; ce sont surtout: la tension du courant (exprimée en volts); de celle-ci dépendent, en partie, la quantité de chaleur dégagée sur le trajet du passage du courant et la résistance du corps humain au passage du courant, puisque à partir d’un certain seuil (1 500 V) le revêtement cutané n’offre plus aucune résistance; l’intensité (exprimée en milliampères), qui représente la quantité d’énergie ayant traversé le corps; elle ne peut jamais être connue avec précision, puisque sa valeur est donnée par l’équation I = V/R, où V est la tension (en volts) et R la résistance du corps humain, exprimée en ohms.– Les paramètres liés à la victime sont représentés par la résistance du milieu intérieur (constante autour de 500 à 800 行) et surtout celle du revêtement cutané qui peut varier entre 1 000 et 100 000 ohms.– Les paramètres liés aux circonstances de l’accident sont très divers. Citons: la surface de contact peau-conducteur (la résistance diminue avec l’augmentation de cette surface); la pression du contact, la durée du contact (la résistance décroît avec l’augmentation de la durée); la nature du contact entre le sol et le corps; le trajet intracorporel probable entre la zone d’entrée (point de contact avec le conducteur électrique) et la zone de sortie (la partie du corps en contact avec une zone conductrice, le plus souvent les pieds ou les mains).Les différentes atteintes lésionnelles dépendront de ces principaux paramètres.Les contractions musculaires constituent les premières manifestations; d’abord isolées et modérées, elles augmentent, en se généralisant, avec l’intensité, pour réaliser une véritable tétanisation; elles auront des effets mécaniques différents suivant les groupes musculaires traversés: extenseurs (projection à distance); fléchisseurs (maintien au contact du conducteur); muscles respiratoires (arrêt respiratoire).Les troubles du rythme cardiaque représentent le risque vital essentiel; en effet, le passage du courant à travers le myocarde provoque une véritable désynchronisation de l’activité contractile des fibres cardiaques (fibrillation ventriculaire).Les troubles de la conscience s’expliquent par l’atteinte primitive des structures cérébrales traversées par le courant.Les brûlures sont à la fois internes et externes, elles sont liées à l’énergie calorique qui se dégage sur le passage du courant (effet Joule); leur gravité est proportionnelle surtout au voltage puis à l’intensité et à la durée de l’électrisation; elles peuvent réaliser des nécroses profondes, voire de véritables carbonisations, avec les voltages élevés (à partir de 5 000 V).La prise en charge d’un sujet électrisé se fait en deux étapes.Sur le terrain . Il faut immédiatement couper le courant et, à défaut, retirer l’accidenté de tout contact avec le conducteur sous tension en prenant les mesures de protection afin d’empêcher l’accident en chaîne. Les autres gestes de secours sont fonction de la gravité initiale: mise au repos et hospitalisation secondaire pour les atteintes légères, sans troubles de la conscience et sans détresse cardio-ventilatoire, réanimation cardio-ventilatoire symptomatique dans les autres cas. La survenue d’un arrêt cardio-ventilatoire, par fibrillation cardiaque le plus souvent, doit entraîner des gestes d’urgence sur les lieux mêmes; cela justifie, dans les zones de travail où le risque électrique est élevé, que soient formés des secouristes qui pourront immédiatement entreprendre un massage cardiaque externe et une ventilation par bouche-à-bouche avant l’arrivée d’une équipe médicale qui, elle, réalisera sur le terrain un choc électrique et assurera la poursuite du traitement jusqu’à l’hôpital.En milieu hospitalier . Le traitement tient compte de l’état clinique; les formes graves nécessitent une réanimation non spécifique; les brûlures électriques justifient souvent l’admission dans un service spécialisé en raison de la complexité des soins qu’elles exigent.• 1890; angl. amér. electrocution → électrocuter♦ Action d'électrocuter, fait d'être électrocuté; ensemble des effets provoqués dans un organisme vivant par les courants électriques, surtout par les courants de haute tension (mort instantanée, perte de connaissance brutale, convulsions, brûlures au point de contact).électrocutionn. f.d1./d Exécution des condamnés à mort par le courant électrique (aux États-Unis).d2./d Mort accidentelle causée par le courant électrique.⇒ÉLECTROCUTION, subst. fém.A.— Action de causer une secousse généralement mortelle par le passage d'un courant électrique de haute tension; p. méton., la mort éventuelle ainsi causée. Les courants domestiques : 120 et 240 volts peuvent provoquer l'électrocution si la peau du sujet est humide ou s'il existe une « bonne terre » (sujet dans une baignoire) (Méd. 1966).B.— Exécution par le passage d'un courant électrique de haute tension; p. méton., la mort ainsi causée. Tous ces mariages le samedi à Saint-Sulpice, (...) dans les vingt-deux chapelles, et les mariés, les cheveux coupés de la veille, ras sur la nuque, assis sur vingt-deux tabourets, comme pour l'électrocution (GIRAUDOUX, Suzanne, 1921, p. 139).Prononc. et Orth. :[
]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1890, 9 août (Temps, p. 1, col. 5 ds BONN.). Anglo-amér. electrocution de même sens (formé à partir de l'élément préf. electro- d'apr. execution « exécution »), 1890 ds NED Suppl.2 une 1re fois en 1889 sous la forme fam. electricution ds DAE. Fréq. abs. littér. :3. Bbg. BONN. 1920, p. 53. — PAMART (P.). Néol. Vie Lang. 1971, p. 370.
électrocution [elɛktʀɔkysjɔ̃] n. f.ÉTYM. 1890; aussi électro-exécution, 1892; anglais des États-Unis electrocution, 1890 (electricution, 1889), de to electrocute. → Électrocuter.❖1 Exécution (d'un condamné à mort) par le passage d'un courant électrique; la mort ainsi causée. || Partisans et ennemis de l'électrocution. || Dans certains états des États-Unis, l'électrocution des condamnés se fait au moyen d'une chaise électrique.2 Fait d'électrocuter, d'être électrocuté; ensemble des effets provoqués dans un organisme vivant par les courants électriques, surtout par les courants de haute tension (mort instantanée, perte de connaissance brutale, convulsions, brûlures au point de contact). || Électrocution produite par une ligne à haute tension.0 Particulièrement séduit par l'idée de faire périr Djizmé sous une étincelle céleste, Talou avait pleinement approuvé le projet de Chènevillot. Mise au courant du genre de supplice qu'on lui réservait, la malheureuse avait obtenu de l'empereur deux suprêmes faveurs : celle de mourir sur la natte blanche aux multiples dessins (…) Chènevillot s'était servi de la natte en question pour tapisser un appareil d'électrocution que la foudre seule devait actionner.Raymond Roussel, Impressions d'Afrique, p. 418.❖DÉR. V. Hydrocution.
Encyclopédie Universelle. 2012.